Le jeu stupide du pouvoir

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Depuis des milliers d'années, on se force à y jouer. Quand va-t-on cesser ?

Qu'est-il donc ce jeu stupide ?

Nous sommes des êtres humains. Nous vivons en sociétés. Nous avons le langage et l'écriture. Nous avons une connaissance grandissante du monde dans lequel nous vivons. Nous le comprenons de plus en plus.

Et nous jouons au jeu stupide du pouvoir. Comme les autres. Rien de plus.

Quand un être humain transmet des données inexactes aux autres, en vue d'obtenir un avantage à sa situation, il joue au jeu du pouvoir. Quand un être humain dit à un autre être humain comment il doit se comporter, il y joue aussi. Quand un être humain se laisse dicter sa conduite par un autre, il y joue encore.

Pourquoi stupide ?

La stupidité, c'est l'absence d'intelligence. Quand on dit à quelqu'un d'agir d'une manière, sans autre motif que notre bon vouloir, et que l'autre répond positivement à notre injonction, c'est stupide. Quand un soldat tue sur commande, c'est stupide. Quand un élève répond à la question d'un professeur, ça l'est tout autant. Quand un ouvrier fait ce qu'on lui demande, ça l'est toujours. La stupidité domine le monde. L'obéissance est stupide. Le pouvoir, le jeu du pouvoir, le sont aussi.

L'intelligence est difficile. Il est difficile de refuser les ordres, difficile de réfléchir. Alors qu'il est tellement plus simple de se laisser aller à jouer au jeu stupide du pouvoir.

Dès tout petit, tout nous y pousse. Nos parents, si on n'a pas de chance, nous y pousserons. Soit le meilleur, ait de bonnes notes, domine. Dominer, c'est quoi ? Avoir la meilleure note ? Quand j'étais petit, un jour nous avons eu une interrogation écrite. J'ai eu plus de points que ce qui était normalement possible. Pourquoi ? Parce-que note professeur avait relevé les points, car les notes étaient trop basses. Quelle mesure est-ce là que la note ?

Il paraît (mais je n'ai pas les sources sous la main) qu'une expérience de psychologie a été menée avec des professeurs. On fait remplir aux gamins une fiche. On fait semblant d'analyser cette fiche. On tire au sort six gamins. On dit ensuite au professeur: « Ces trois là sont bons, ces trois là sont mauvais, d'après nos tests. » On revient à la fin de l'année, le classement (arbitraire) est respecté. Quelle logique derrière le classement ?

J'étais bon élève. Je suis toujours étudiant au moment d'écrire ce texte. Je pense pouvoir affirmer que je ne suis pas mauvais dans ce que je fais, sans non plus me prendre pour je ne sais pas quoi. Et je n'aime pas le jeu du pouvoir. Je me fiche d'être le meilleur, le plus fort, de dominer. Je me fiche d'avoir des humains à mes ordres, ou d'être sous les ordres de quelqu'un.

J'ai envie de vivre dans un monde où nous sommes libres, un monde où on ne te juge pas selon ton nom, ta famille, tes études, tes prétendues capacités, ta carrière, ton poids économique, que sais-je.

Nous sommes tous mortels. Dans 200 ans, nous serons tous morts, tous. Tous mes contemporains et moi avec. L'espèce humaine sera composée d'individus qui n'existent pas aujourd'hui. Et malgré cela, nous jouons au jeu stupide du pouvoir.

Qu'est-ce qui reste, fondamentalement ? Pourquoi sommmes-nous en vie, malgré nos faiblesses ? Est-ce que c'est César ou Napoléon qui sont importants, qui ont fait que l'espèce humaine existe encore ? Vu le tas de guerres qu'ils ont produit, non. On ne peut pas le dire. Est-ce que ce ne serait pas plutôt la découverte des bactéries ? la médecine ? la physique ? Et on oublie les noms de ceux qui ont travaillé à toutes ces connaissances, sauf quelques-uns, toujours à cause du jeu du pouvoir.

Qu'importe les Curie, les Newton, Galilée et autres Pasteur ? Des êtres humains, comme les autres. Qui ont eu peut-être la chance de pouvoir travailler sur ce qu'ils voulaient, sans trop se préoccuper de leur survie, pouvant consacrer du temps à leurs recherches. C'est tout. Rien d'autre. Aucune adoration à avoir pour eux. Leur travail a été important, puisqu'il est toujours utile aujourd'hui, et c'est tout. Et c'est ça l'important. C'est vraiment tout ce qu'il y a d'important.

Avoir son visage sur un billet de banque, être cité dans les livres d'Histoire, devenir un nom de rue, qu'importe ?

Nous sommes embarqués dans une aventure qui nous dépasse largement. Nous ne maîtrisons rien, même si nos connaissances s'accroissent. On peut certes bidouiller un peu les forces de la nature, mais ce n'est pas pour demain qu'on s'échappera de la Terre. Y arrivera-t-on ? Peut-être, pourquoi pas, c'est à espérer. Dans quelques milliards d'années, le soleil disparaîtra, et la Terre avec. Et nous ? Nous... Comme si vous et moi serions encore là à ce moment. Comme si nos faits et gestes auraient alors la moindre importance aux yeux de ceux qui seront là à ce moment, vagues descendants de nous-mêmes.

Ça fait peur, hein ? Peur de se dire que tout cela est inutile, toutes ces petites manigances, toute cette bêtise, toute cette stupidité. Star Academy, la Légion d'Honneur, les millions sur ton compte en banque, quelle bêtise.

Qu'est-ce qui est important finalement ? Nous sommes vivants. Si vraiment j'ai raison de critiquer le jeu du pouvoir, qu'est-ce qui reste ? Pas de dieu, pas de pouvoir, rien, mais c'est la mort ! Ben non, banane. Tu aimes un coucher de soleil ? Tu aimes rire avec tes amis ? Tu aimes l'amour de tes proches ? Alors. Il ne reste pas rien, il reste l'essentiel. Vivre, parce-que c'est comme ça. Et chercher à apprécier cette existence.

Bien sûr qu'il faut chercher à comprendre le monde. Pour mieux vivre, pour soi d'abord, et pour ceux après nous ensuite. On a émergé dans cet univers, on s'est mis à le bidouiller. Bon. C'est ainsi. On a fait des choses formidables, des découvertes sensationnelles. Alors on va continuer.

Débarassons-nous du jeu stupide du pouvoir. Ce jeu est contre nous. Il nous ralentit, nous fait nous concentrer sur l'inutile. Combien d'êtres humains très intelligents qui perdent leur temps à calculer les cours de la bourse ? à espionner les autres ? à imaginer comment s'emparer des richesses pour en jouir exclusivement ?

Je ne vais pas faire de prospective, je m'en fous. Ce texte n'a la prétention de convaincre personne. Je ne suis pas le prêcheur d'une quelconque religion. Aimez-vous les uns les autres, tatati tatata.

J'ai juste envie de m'exprimer, à ma façon, pour ceux qui veulent écouter.

Si tu tombes ici, sur cette page, c'est que tu as cliqué ici et là, et te voilà arrivé. Probablement, tu te diras: « Qu'est-ce que c'est que ces conneries ? » Bah, c'est juste les conneries d'un pauvre gars qui en a marre du monde des humains, de leur stupidité.

Quand je vois les nouvelles qu'on juge bon de propager, je meurs de dégoût et de honte pour nous tous. Que m'importe qu'un dictateur soit retrouvé dans un trou, quelque part dans une région vaguement désertique de cette planète ? Qu'est-ce que ça peut me faire qu'un homme politique vienne visiter un autre pays ? Est-ce que quand je vais en Italie, c'est important ? Non. Alors ? Alors, le jeu stupide du pouvoir. Voilà tout. On a ceux qui pensent avoir le pouvoir, et ceux qui se disent qu'en les montrant, on capte un peu de ce pouvoir. On retient l'attention des autres, et ça fait des points d'audience, et ça fait l'écran de pub plus cher. Etc. etc.

On vit à une époque où le savoir est confisqué. On a des brevets dans tous les sens. Dès que tu veux mettre en œuvre une technique, juste parce qu'elle est bonne par rapport aux connaissances que tu as du monde, tu risques de ne pas pouvoir le faire, parce que cette technique appartient à quelqu'un d'autre, qu'il est le seul a avoir le droit de l'utiliser. Et tu as tout un système qui va t'empêcher de l'utiliser, par la force et la contrainte si besoin est. Quelle horreur, quelle monstruosité. C'est ça l'humanité ? C'est ça l'intelligence ? Foutage de gueule. Ça, c'est le jeu du pouvoir. « C'est à moi, je le garde, tu n'y touches pas. » Alors qu'il ne s'agit pas d'un bout de tomate, mais de connaissance technique. La connaissance interdite. Quelle connerie funeste.

J'en ai vraiment marre de toute cette merde, franchement. Depuis que je suis tout petit, je le vois ce jeu. Je les vois ceux-là qui étaient prétendument mes amis, mais qui m'utilisaient, pour les bonnes notes. Ils y jouaient à ce jeu, ce jeu pourri. Je les vois ces profs qui te traitent comme quelqu'un de respectable si tu réponds comme il faut à leurs questions et qui ne t'écoutent pas sinon. Et ces élèves qui acceptent ce jeu, pensant quoi ? bouffer un bout du gâteau ? Quelle foutaise. Et maintenant, toutes ces soirées pourries, où on se bourre la gueule, et où on essaye de séduire tout le monde, pour se sentir vivre. On le mime. On ne le joue même plus, il n'y a aucun intérêt véritable en jeu, le pouvoir n'est pas à prendre ici, et pourtant même dans ces moments qu'on prétend festifs, on y joue, on le mime. À gerber.

Oui, j'en ai marre. Vraiment. Y a bien quelques allumés qui n'y jouent pas, qui ne veulent pas y jouer, qui font leur truc, et ne se préoccupent pas de ces bêtises. Encore heureux.

Enfin bon, ça va finir. C'est obligé. Ça va finir, ou alors tout va disparaître, donc au final ça aura disparu de toute façon.

Certes on vient de loin. Une bactérie, pour survivre, doit se nourrir. Si elle laisse la nourriture aux autres, elle meurt. C'est simple. On vient de là. Alors se dire qu'on peut partager et vivre bien, c'est une idée qui prendra du temps à s'imposer. Mais on y viendra. Notre intelligence est là pour ça. Peut-être qu'un événement nous obligera à l'entraide, une catastrophe cosmique du genre météorite ou disparition du soleil, qui fera qu'on sera obligé de s'entraider sous peine de disparaître. Ou alors peut-être qu'on se rendra compte que c'est mieux de coopérer sans avoir besoin d'une telle catastrophe.

Nos connaissances ont évolué très vite ces derniers temps. Le changement conceptuel pour les prendre en compte n'est pas aussi rapide. Il est difficile de demander à quelqu'un qui joue au jeu du pouvoir d'y renoncer. On a beau lui expliquer qu'il n'est pas plus ni moins qu'un autre humain, que ses droits ou ses devoirs n'ont aucun sens, qu'il n'y a pas de dieu qui le jugera, rien n'y fait, il reste dans son délire. Et c'est compréhensible. Si on devait changer sans arrêt de vision du monde, on finirait par passer son temps à le faire, et on n'agirait plus. On se dirait : « Mais suis-je dans la bonne vision du monde ? » et on resterait, immobile, avec cette question dans notre esprit. L'action c'est décider, en fonction des données présentes, de faire telle ou telle chose. On peut se tromper, si on n'a pas les bonnes données.

Mais aujourd'hui, des données, on en a. On sait que partager c'est mieux. On sait que prendre des décisions sur des données scientifiques c'est mieux que de penser à sa future ré-élection ou à la conservation de son pouvoir.

Enfin bref, pourquoi j'écris ces trucs moi ? Retournons à notre vaine désespérance. Désolé d'avoir pompé de votre temps. Continuez votre petit jeu, si vous y jouez. Vous mourrez quand même, et au final, aurez-vous été heureux ? Pas plus que moi, c'est à craindre. Mais qu'importe...


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Creation time: Thu, 26 Feb 2004 16:47:04 +0100
Last update: Wed, 09 Apr 2008 10:36:19 +0200

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